AUX ARMES ET CAETERA :
Les blessures de l’âme : ces soldats français victimes de stress post-traumatique.
L’état de stress post-traumatique (ESPT) est un état se caractérisant par le développement de symptômes spécifiques faisant suite à l'exposition à un événement traumatique dans un contexte de mort, de menaces de mort, de blessures graves ou d’agression sexuelle.
Reporter-photographe militaire pendant dix ans, j’ai documenté les conflits pour l’armée française. J’ai été déployé de nombreuses fois sur des théâtres d’opérations extérieures (Mali, RCA, Niger, Tchad). Sur chaque opération, j’ai vécu comme les soldats, j’ai été soumis au même stress, aux mêmes peurs. Plusieurs frères d’armes sont morts alors qu’on était ensemble en opération. Moi j’ai eu la chance de revenir vivant et psychologiquement stable malgré les horreurs de la guerre. Mais qu’en est-il de ces soldats qui ont été au bout de leur engagement en France ou à l’étranger et qui sont aujourd’hui « grillés de l’intérieur » ?
D’un côté, il y a les blessés, en décalage complet après leur retour dans la vie civile. Souvent seuls face à leurs démons, certains tentent d’oublier par tous les moyens ce qu’ils ont vécu (consommation de drogue, d’alcool, de médicaments, suractivité physique, violence envers eux-mêmes) Tout est bon pour oublier leur mal-être. Ils se sentent incompris de tous, même par leurs proches les plus chers.
En face, il y a les familles qui se retrouvent désemparées face à ce mal invisible qui ronge leur proche. Pour elles, c’est un inconnu qui passe le pas de la porte. La plupart d’entre eux sont méconnaissables entre le moment de leur départ et celui de leur retour : changement de caractère, cauchemar, isolement, addictions, mutisme, violence verbale et physique. Pour ces familles, c’est une bombe à retardement qui menace d’exploser à tout moment. Elles ne savent plus quoi faire et vers qui se tourner. Elles aussi s’isolent et développent ce même sentiment d’oubli ou d’incompréhension.
Selon les chiffres du ministère des Armées : « quelques 2800 militaires français souffrant de blessures psychiques ont été recensés entre 2010 et 2019, dont 231 en 2019 » pour un total de 205 782 militaires français en 2020.